HervE FaYEL, ECRITS > LA BÊTE DOUCE > Jardins d'Air

AUCUN ARBRE (29 septembre 2008)

Aucun arbre, aucune femme ne résiste dans mes tableaux
pas un qui tienne
je les veux, je les mets pourtant,
ils sont souvent l'origine, la raison, le pourquoi du tableau
mais il ne résistent pas
je les maintiens pourtant des années, dix ans, plus parfois
jusqu'au moment où le tableau les étouffe – l'air y est respirable pourtant,
j'y mets de plus en plus d'espace & de profondeur ces derniers temps
le geste peut-être, c'est peut-être au geste qu'ils ne résistent pas
le geste dans la tonalité, le tracé du mouvement dans la lumière
c'est peut-être lui qui les évacue.

Après avoir peint des corps, des masses, formes, structures dans l'espace, contre l'espace même, j'ai ensuite peint des paysages : des lieux,
des profondeurs au détriment des objets, contre eux
je pensais ces derniers temps avoir trouvé un juste équilibre, une symétrie
je disais : je ne peins plus les corps ni les paysages mais leur inter-relation
et ce n'est pas ce qui je peins
c'est le tableau qui conduit

Aucun arbre, aucune femme,
seuls des branchages &des lignes de tension, des nœuds d'espace,
des rythmes, l'énergie du geste et le brasillement des tonalités qui s'accordent au soleil, seule source de la lumière

peinture : résille au soleil
gants d'ondes
flux sus

alors je suis un peintre défiguratif.